Europe

 

Banque centrale européenne

La Banque centrale europĂ©enne (BCE) est la principale institution monĂ©taire de l’Union europĂ©enne. Elle est Ă©tablie le 1er juin 1998 sur un modèle fĂ©dĂ©ral et son siège est Ă  Francfort-sur-le-Main, en Allemagne2. Elle bĂ©nĂ©ficie d’un monopole d’Ă©mission de l’euro en tant que monnaie commune et unique de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire. Elle dĂ©finit les grandes orientations de politique monĂ©taire de la zone euro et prend les dĂ©cisions nĂ©cessaires Ă  sa mise en Ĺ“uvre ; c’est-Ă -dire en vue de maintenir le pouvoir d’achat de l’euro et donc la stabilitĂ© des prix dans la zone euro. Cette zone comprend actuellement les 19 pays de l’Union europĂ©enne qui ont introduit l’euro depuis 1999.

Le principal objectif de la BCE est de maintenir la stabilitĂ© des prix, et l’inflation annuelle « au-dessous, mais Ă  un niveau proche, de 2 %, sur le moyen terme ». Depuis la crise financière de 2008, et Ă  l’instar de la plupart des banques centrales de la planète, la BCE est entrĂ©e dans un cycle de relâchement monĂ©taire, qui se traduit par une politique de taux nĂ©gatifs et de rachat d’actifs dite « assouplissement quantitatif » qui reprĂ©sentent aujourd’hui près de 3 500 milliards d’injection de monnaie dans le secteur financier europĂ©en.

Depuis le 4 novembre 2014, la BCE assume un rĂ´le central dans la supervision et le contrĂ´le des principales banques d’États europĂ©ens via le MĂ©canisme de Surveillance Unique (SSM selon les initiales en anglais de Single Supervisory Mechanism).

La présidente de la BCE est, depuis le 1er novembre 2019, la Française Christine Lagarde. La Banque Centrale Européenne a annoncé début 2022 que la monnaie virtuelle viendrait s’ajouter aux nombreuses cryptomonnaies étatiques en cours de lancement. Cette nouvelle monnaie virtuelle devrait voir le jour d’ici 2025.

Rôle et présentation

La BCE gère l’Ă©mission des billets de la zone euro.

La BCE est l’organe central de l’Eurosystème et du Système europĂ©en de banques centrales :

  • l’Eurosystème regroupe la Banque centrale europĂ©enne (BCE) et les banques centrales nationales (BCN) des États membres de l’Union europĂ©enne qui ont adoptĂ© l’euro. Dans le cadre de l’Eurosystème la BCE s’est vue confier les missions autrefois dĂ©volues aux banques centrales nationales : Ă©mission de monnaie et politique monĂ©taire ; dans son rĂ´le d’institut d’Ă©mission, la BCE a lancĂ© un projet d’euro digital.
  • le Système europĂ©en de banques centrales (SEBC) comprend la BCE et les BCN des vingt-sept États membres de l’UE, c’est-Ă -dire que, par rapport Ă  l’Eurosystème, il comprend en plus les BCN des pays qui n’ont pas adoptĂ© l’euro. Les BCN des États membres ne participant pas Ă  la zone euro jouissent au sein du SEBC d’un statut particulier : elles sont habilitĂ©es Ă  conduire une politique monĂ©taire nationale autonome, mais elles ne participent pas Ă  la prise de dĂ©cisions de la politique monĂ©taire de la zone euro ni Ă  sa mise en Ĺ“uvre.

En 2009, le traitĂ© de Lisbonne a dotĂ© la BCE d’une personnalitĂ© juridique.

Mandat et missions

ConformĂ©ment aux traitĂ©s (Art. 127 TFUE) et statuts, le mandat principal de la BCE est de maintenir la stabilitĂ© des prix. En 2003, la BCE a dĂ©fini cet objectif en se fixant une cible d’inflation « proche mais en dessous de 2 % sur le moyen terme ». L’inflation est mesurĂ©e par l’indice IHPC que fournit l’agence europĂ©enne Eurostat.

Contrairement Ă  de nombreuses banques centrales telles que la rĂ©serve fĂ©dĂ©rale, la BCE n’a pas de « mandat double » Ă  proprement parler, tel qu’un objectif de plein emploi adossĂ© Ă  l’objectif d’inflation. En revanche, le TraitĂ© europĂ©en dĂ©finit que la BCE « sans prĂ©judice de cet objectif [de stabilitĂ© des prix], elle apporte son soutien aux objectifs Ă©conomiques de l’Union tels que dĂ©finis Ă  l’article 3 du TraitĂ© EuropĂ©en ». Cette disposition permet en thĂ©orie Ă  la BCE de poursuivre des objectifs de second rang tels que le maintien d’un niveau d’emploi Ă©levĂ© ou la protection de l’environnement.

Les missions fondamentales relevant de l’Eurosystème incluent :

  • Politique monĂ©taire : dĂ©finir et mettre en Ĺ“uvre la politique monĂ©taire de la zone euro ;
  • conduire la politique de change de la zone euro ; dĂ©tenir et gĂ©rer les rĂ©serves de change des États membres ;
  • assurer le bon fonctionnement des systèmes de paiement Ă©lectroniques et physiques. La BCE est seule habilitĂ©e Ă  autoriser l’émission de billets de banque dans la zone euro (alors que les pièces sont frappĂ©es par les banques centrales de la zone euro).
  • Ă  partir de 2014, la BCE a Ă©galement Ă©tĂ© chargĂ©e de la supervision des banques dites « systĂ©miques » (au nombre de 130) de la zone euro par le MĂ©canisme de Surveillance Unique (MSU). Cette mission de supervision est assumĂ©e en coordination avec les AutoritĂ©s nationales (l’ACPR, pour la France), ainsi qu’avec l’AutoritĂ© bancaire europĂ©enne (ABE), initialement envisagĂ©e dans ce rĂ´le.
  • De plus, l’Eurosystème contribue Ă  la bonne conduite des politiques menĂ©es par les autoritĂ©s compĂ©tentes concernant le contrĂ´le prudentiel des Ă©tablissements de crĂ©dit et la stabilitĂ© du système financier.
  • La BCE remplit une fonction consultative auprès de l’Union et des autoritĂ©s nationales dans les domaines de sa compĂ©tence, en particulier les questions relevant du droit communautaire ou national.
  • Enfin, en vue d’assurer les missions du SEBC, la BCE, assistĂ©e par les BCN, collecte les informations statistiques nĂ©cessaires Ă  son fonctionnement.

L’euro

Le 1er janvier 1999, l’euro est devenu la monnaie des pays ayant adoptĂ©s l’euro comme monnaie lĂ©gale. Au cours des trois premières annĂ©es de son existence, l’euro a Ă©tĂ© une monnaie invisible, qui n’était utilisĂ©e qu’à des fins comptables, par exemple pour les paiements Ă©lectroniques. Les billets et les pièces en euros ont Ă©tĂ© introduits le 1er janvier 2002, date Ă  laquelle ils ont remplacĂ©, Ă  des taux de conversion fixes, les billets et les pièces libellĂ©s en monnaies nationales

Les billets et les pièces en euros ont cours légal dans 19 des 27 États membres de l’Union européenne (UE), y compris les départements d’outre-mer ainsi que les territoires et les îles qui font partie de, ou sont associés à, certains pays de la zone euro. L’ensemble de ces pays forment la zone euro. Les micro-États d’Andorre, de Monaco, de Saint-Marin et de la Cité du Vatican utilisent également l’euro, en vertu d’un accord formel conclu avec la Communauté européenne. Le Monténégro et le Kosovo font de même, mais l’utilisation de l’euro n’y est pas régie par une convention monétaire.

Politique monétaire actuelle

Le taux de refinancement de la BCE, son principal taux directeur, est fixé à 0,00 % depuis le 16 mars 2016 tandis que le taux de rémunération des dépôts est actuellement négatif à -0,5 % et que le taux du prêt marginal est à 0,25 %. Dans le cadre de ses opérations dites de TLTRO (targeted long terme refinancing operations), la BCE offre environ 1 950 milliards de refinancements aux banques à un taux encore plus négatif (-1 %).

La BCE conduit actuellement diffĂ©rents programmes de rachats d’actifs (ou quantitative easing) dans le cadre desquels la BCE achète activement des obligations d’Ă©tat et d’entreprise. Ces programmes reprĂ©sentent environ 2 900 milliards d’euros.

Dans le contexte de la crise du Covid19, la BCE a Ă©galement lancĂ© un programme spĂ©cial de rachat de dettes (le PEPP), qui reprĂ©sente environ 600 milliards d’euro.

Organisation

Le cadre gĂ©nĂ©ral de l’organisation de la BCE, qui compte parmi les institutions expressĂ©ment mentionnĂ©es Ă  l’article 13 du traitĂ© sur l’Union europĂ©enne (TUE), est fixĂ© par les articles 282, 283 et 284 du TraitĂ© sur le fonctionnement de l’Union europĂ©enne.

Actionnaires

Les banques centrales nationales sont seules autorisĂ©es Ă  souscrire et Ă  dĂ©tenir le capital de la BCE. Sa souscription s’effectue selon une clĂ© de rĂ©partition basĂ©e sur la part de chaque État membre de l’Union europĂ©enne dans le PIB et la population de l’Union.

Le capital est de 10,76 milliards d’euros. En outre, les BCN des États membres participant Ă  la zone euro ont dotĂ© la BCE d’avoirs de rĂ©serves de change, Ă  concurrence d’un montant Ă©quivalent Ă  environ 40 milliards d’euros. La contribution de chaque BCN a Ă©tĂ© fixĂ©e proportionnellement Ă  sa part dans le capital souscrit de la BCE, tandis que chaque BCN a reçu de la BCE une crĂ©ance en euros Ă©quivalente Ă  sa contribution. 15 % des contributions ont Ă©tĂ© versĂ©es sous forme d’or et les 85 % restants l’ont Ă©tĂ© en dollars amĂ©ricain et en yen.

Le processus de prise de dĂ©cisions au sein de l’Eurosystème est centralisĂ© au niveau des organes de dĂ©cision de la BCE, Ă  savoir le Conseil des gouverneurs et le Directoire. Tant que certains États membres n’auront pas adoptĂ© l’euro, il existera un troisième organe de dĂ©cision : le Conseil gĂ©nĂ©ral.

La répartition du capital de la BCE est la suivante (au 1er janvier 2011) :

Actionnaire

Part du capital (%)

Part dans l’eurozone (%)

Banque nationale de Belgique

2,48

3,53

Banque fĂ©dĂ©rale d’Allemagne

17,99

25,57

Banque centrale et autoritĂ© des services financiers d’Irlande

1,16

1,65

Banque de Grèce

2,03

2,89

Banque d’Espagne

8,84

12,57

Banque de France

14,18

20,16

Banque d’Italie

12,31

17,50

Banque centrale de Chypre

0,15

0,21

Banque centrale du Luxembourg

0,20

0,28

Banque centrale de Malte

0,06

0,09

Banque des Pays-Bas

4,00

5,69

Banque nationale d’Autriche

1,96

2,79

Banque du Portugal

1,74

2,47

Banque de Slovénie

0,34

0,48

Banque nationale de Slovaquie

0,77

1,09

Banque de Finlande

1,26

1,79

Banque d’Estonie

0,19

0,27

Banque de Lituanie

0,41

0,58

Banque de Lettonie

0,28

0,40

Sous-total groupe des BCN appartenant Ă  la zone euro

70,35

100

Banque nationale de Bulgarie

0,86

 

Banque nationale tchèque

1,61

 

Banque nationale du Danemark

1,49

 

Banque nationale de Hongrie

1,38

 

Banque nationale de Pologne

5,12

 

Banque nationale de Roumanie

2,60

 

Banque de Suède

2,27

 

Banque d’Angleterre

13,67

 

Sous-total groupe des BCN n’appartenant pas Ă  la zone euro

29,61

 

Total

100

 

Président

Depuis la crĂ©ation de la BCE, les prĂ©sidents (appelĂ©s aussi gouverneurs) sont au nombre de quatre et ont Ă©tĂ© choisis d’un commun accord entre les chefs d’État ou de gouvernement des États de la zone euro.

Directoire

Le directoire, officiellement ComitĂ© exĂ©cutif de la Banque centrale europĂ©enne, comprend le prĂ©sident, le vice-prĂ©sident et quatre autres membres, tous choisis parmi des personnes ayant une autoritĂ© et une expĂ©rience professionnelle reconnues en matière monĂ©taire ou bancaire. Ils sont nommĂ©s d’un commun accord par les chefs d’État ou de gouvernement des États de la zone euro, sur recommandation du Conseil de l’Union europĂ©enne et après consultation du Parlement europĂ©en et du Conseil des gouverneurs de la BCE (ou du Conseil de l’Institut monĂ©taire europĂ©en (IME) pour les premières nominations). Les principales responsabilitĂ©s du directoire consistent à :

  • mettre en Ĺ“uvre la politique monĂ©taire conformĂ©ment aux orientations et aux dĂ©cisions arrĂŞtĂ©es par le Conseil des gouverneurs de la BCE et, dans ce cadre, Ă  donner les instructions nĂ©cessaires aux BCN ;
  • exercer les pouvoirs qui lui sont dĂ©lĂ©guĂ©s par dĂ©cision du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Au 1er janvier 2020, le directoire est composé de :

Conseil des Gouverneurs

Le Conseil des gouverneurs se compose du directoire et des gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro. Les principales responsabilités de ce Conseil consistent à :

  • arrĂŞter les orientations et prendre les dĂ©cisions nĂ©cessaires Ă  l’accomplissement des missions confiĂ©es Ă  l’Eurosystème ;
  • dĂ©finir la politique monĂ©taire de la zone euro, y compris, le cas Ă©chĂ©ant, les objectifs monĂ©taires intermĂ©diaires, les taux directeurs et l’approvisionnement en rĂ©serves au sein de l’Eurosystème ;
  • arrĂŞter les orientations nĂ©cessaires Ă  leur exĂ©cution.

Conseil général

Le conseil gĂ©nĂ©ral se compose du prĂ©sident et du vice-prĂ©sident de la BCE, des gouverneurs des BCN de la zone euro et des gouverneurs des BCN du reste de l’UE, c’est-Ă -dire des États membres n’ayant pas (encore) adoptĂ© l’euro, faisant l’objet d’une dĂ©rogation. Il exĂ©cute les missions que la BCE a reprises de l’IME et qui, eu Ă©gard Ă  la dĂ©rogation dont font l’objet un ou plusieurs États membres, doivent encore ĂŞtre accomplies durant la phase III de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire (UEM). Le Conseil gĂ©nĂ©ral contribue aussi :

  • aux fonctions consultatives de la BCE ;
  • Ă  collecter les informations statistiques ;
  • Ă  Ă©tablir les rapports annuels de la BCE ;
  • Ă  arrĂŞter les règles nĂ©cessaires Ă  la normalisation des procĂ©dures comptables et de dĂ©claration relatives aux opĂ©rations des BCN ;
  • Ă  prendre les mesures, autres que celles dĂ©jĂ  prĂ©vues dans le traitĂ©, relatives Ă  la dĂ©finition de la clĂ© de rĂ©partition pour la souscription au capital de la BCE ;
  • Ă  dĂ©finir les conditions d’emploi du personnel de la BCE ;
  • aux prĂ©paratifs nĂ©cessaires Ă  la fixation irrĂ©vocable des taux de change des monnaies des États membres faisant l’objet d’une dĂ©rogation par rapport Ă  l’euro.

Effectifs

  • 1998 : 478 employĂ©s
  • 1999 : 648 employĂ©s
  • 2012 : 1 638 agents dont 1 450 postes permanents selon le rapport annuel 2013 de la BCE mais 2 600 dont 1 200 salariĂ©s permanents
  • 2013 : 1 683 ETP (Ă©quivalent temps plein) en moyenne annuelle, avec un effectif total de 1 790 au 31 dĂ©cembre 2013
  • 2014 : 2 155 ETP en moyenne annuelle, avec un effectif total de 2 577 au 31 dĂ©cembre 2014
  • 2015 : 2 722 ETP en moyenne annuelle, avec un effectif total de 2 871 au 31 dĂ©cembre 2015
  • 2016 : 3 007 ETP en moyenne annuelle, avec un effectif total de 3 171 au 31 dĂ©cembre 2016
  • 2020: environ 3 700 employĂ©s

Indépendance

La BCE (et l’ensemble de l’Eurosystème) est un organe indĂ©pendant des autres institutions europĂ©ennes et des États membres. Dans l’exercice des missions relatives Ă  l’Eurosystème, ni la BCE, ni une BCN, ni un membre quelconque de leurs organes de dĂ©cision ne peuvent solliciter ni accepter d’instructions d’un organe extĂ©rieur. La BCE peut ainsi opĂ©rer en toute autonomie, et en dehors de pression politiques extĂ©rieures. La justification principale de l’indĂ©pendance de la BCE est que cela facilite l’accomplissement de son mandat de stabilitĂ© des prix.

En pratique, l’indĂ©pendance de la BCE se dĂ©cline autour de quatre aspects principaux :

  • IndĂ©pendance politique : Les institutions de l’UE et les États membres de l’union monĂ©taire ont interdiction de chercher Ă  influencer les dĂ©cisions de la BCE ou de leur banque centrale nationale. En retour, la BCE doit Ă©galement se rĂ©server d’interfĂ©rer dans les politiques nationales ou communautaires au-delĂ  des compĂ©tences de la BCE ;
  • IndĂ©pendance opĂ©rationnelle et lĂ©gale : la BCE dispose de toutes les compĂ©tences requises pour atteindre son mandat, et peut dĂ©cider de son organisation interne. De surcroĂ®t les dĂ©cideurs de la BCE bĂ©nĂ©ficient d’un haut niveau de discrĂ©tion (les votes individuels des gouverneurs ne sont pas publiĂ©s). Dans ses domaines de compĂ©tences, la BCE peut Ă©mettre de nouvelles rĂ©gulations, et peut sanctionner les acteurs agissant sous sa juridiction. Enfin, la BCE possède sa propre entitĂ© juridique et son propre système de sĂ©curitĂ© sociale. La BCE peut agir en justice et signer des accords internationaux ;
  • IndĂ©pendance personnelle : le mandat des membres du directoire de la BCE sont volontairement longs (huit ans non renouvelable) et d’au moins cinq ans pour les gouverneurs de banques centrales nationales. Les directeurs de la BCE disposent d’une large immunitĂ© judiciaire. En effet leur rĂ©vocation n’est possible que par dĂ©cision de la Cour de justice de l’UE, sur requĂŞte du conseil des gouverneurs de la BCE ou de son directoire, et dans des cas limitĂ©s Ă  une incapacitĂ© de travail ou pour faute grave. Quant aux gouverneurs des BCN, leur rĂ©vocation est rĂ©gie par les lĂ©gislations nationales.
  • IndĂ©pendance financière : La BCE est la seule institution europĂ©enne qui bĂ©nĂ©ficie de sa propre indĂ©pendance budgĂ©taire. Ainsi, la BCE peut faire libre usage des profits gĂ©nĂ©rĂ©s dans le cadre de sa politique monĂ©taire (bien qu’en pratique elle en reverse une grande partie Ă  ses actionnaires). De plus, comme toute banque centrale, la BCE ne peut techniquement pas faire faillite. L’indĂ©pendance financière de la BCE protège et renforce en principe son indĂ©pendance politique. C’est pourquoi les TraitĂ©s europĂ©ens stipulent une interdiction du financement monĂ©taire des gouvernements ou entitĂ©s publiques communautaires.

 

Contrôle démocratique

En contrepartie de son indĂ©pendance institutionnelle très Ă©largie, La BCE est redevable auprès du Parlement europĂ©en (et dans une moindre mesure, la Cour des comptes europĂ©enne, le mĂ©diateur europĂ©en et la Cour de justice de l’UE). Mais la BCE jouit d’obligations restreintes en termes de transparence et de faibles systèmes de contrĂ´le dĂ©mocratique. En effet, Ă  la diffĂ©rence de beaucoup d’autres banques centrales, les votes au sein du conseil des gouverneurs ne sont pas rendus publics, et la lĂ©gislation sur le droit d’accès aux documents prĂ©voit des exemptions spĂ©ciales pour la BCE.

En pratique le contrĂ´le dĂ©mocratique de la BCE s’effectue via plusieurs mĂ©canismes :

  • Rapport annuel : la BCE prĂ©sente un rapport annuel de ses activitĂ©s au Parlement europĂ©en. En retour, le parlement adopte un rapport annuel sur la BCE, permettant aux dĂ©putĂ©s europĂ©ens d’Ă©valuer les activitĂ©s passĂ©es de la BCE et d’Ă©mettre des recommandations (non contraignantes) ;
  • Auditions parlementaires : le prĂ©sident de la BCE participe Ă  des auditions rĂ©gulières auprès de la commission des affaires Ă©conomiques et monĂ©taires du Parlement europĂ©en (le « dialogue monĂ©taire ») Ă  l’occasion desquelles les dĂ©putĂ©s europĂ©ens peuvent poser des questions au prĂ©sident ;
  • Questions parlementaires : les dĂ©putĂ©s europĂ©ens ont le droit de poser des questions Ă©crites Ă  la BCE, qui a obligation de rĂ©pondre sous six semaines ;
  • Nominations : le Parlement europĂ©en Ă©met un avis sur la nomination des membres du directoire de la BCE par le Conseil europĂ©en ;
  • Poursuites juridiques : la BCE peut ĂŞtre attaquĂ©e en justice auprès de la Cour de justice de l’UE.

Langue de travail

La seule langue de travail de la Banque centrale europĂ©enne est l’anglais, et ce depuis sa crĂ©ation.

Historique de l’institution et de sa doctrine

La Banque centrale europĂ©enne (BCE) a succĂ©dĂ© en juin 1998 Ă  l’Institut monĂ©taire europĂ©en (IME). Ce dernier avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le traitĂ© de Maastricht pour prĂ©parer la mise en place d’une banque centrale transnationale et d’une politique monĂ©taire commune. La BCE situĂ©e Ă  Francfort a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e sur le modèle de la banque centrale allemande, la Bundesbank. Cette dernière est en grande partie l’Ĺ“uvre des ordolibĂ©raux allemands.

Pour les ordo-libĂ©raux le problème majeur en Ă©conomie vient de la destruction des mĂ©canismes du marchĂ© soit par des monopoles privĂ©s soit par l’État. Aussi prĂ©conisent-ils la mise en place d’une constitution Ă©conomique visant Ă  instaurer un « système performant de prix basĂ© sur la concurrence ». Dans cette problĂ©matique, la monnaie leur pose un problème particulier.

Ă€ partir du dĂ©but du XIXe siècle, après la rĂ©volution industrielle, on assiste Ă  un changement dans le mĂ©canisme de crĂ©ation monĂ©taire. La monnaie devient de moins en moins la contrepartie d’un stock d’or ou d’argent et de plus en plus celle de l’Ă©mission du crĂ©dit par les banques. Si, pour les ordo-libĂ©raux, des institutions en concurrence sont efficaces dans la distribution de crĂ©dits aux particuliers, elles le sont moins en matière de crĂ©ation monĂ©taire. En effet, si elles crĂ©ent trop de monnaie en crĂ©ant trop de crĂ©dit, elles vont Ă  la fois faire courir un risque aux dĂ©posants et provoquer de l’inflation. Il faut donc introduire un agent responsable de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral puisque dans ce cas le marchĂ© seul ne peut y pourvoir. Mais pour les ordo-libĂ©raux, tĂ©moins dans les annĂ©es 1930 de l’utilisation par les gouvernements allemands de la banque centrale pour financer leurs dĂ©penses, l’État ne peut pas ĂŞtre le garant de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral dans le domaine de la monnaie. D’oĂą pour Ă©viter que le pouvoir politique soit Ă  la fois juge et partie l’idĂ©e de crĂ©er une banque centrale indĂ©pendante qui serait en quelque sorte dans l’ordre monĂ©taire l’Ă©quivalent de ce qu’est dans l’ordre juridique une cour suprĂŞme.

Fonctionnement de la politique monétaire de la BCE

 La Skytower, siège de la BCE à Francfort.

Le siège de la BCE se trouve à Francfort.

L’objectif du Système europĂ©en de banques centrales (SEBC) est de maintenir la stabilitĂ© des prix et, sans prĂ©judice de cet objectif, d’apporter son soutien aux politiques Ă©conomiques gĂ©nĂ©rales dans la CommunautĂ© en vue de contribuer Ă  la rĂ©alisation des objectifs de la CommunautĂ©. Dans la poursuite de ces objectifs, le SEBC agit conformĂ©ment au principe d’une Ă©conomie de marchĂ© ouverte oĂą la concurrence est libre, en favorisant une allocation efficace des ressources.

Pour sa politique monétaire, la BCE utilise trois taux directeurs différents (du taux le plus bas au taux le plus élevé) :

Les deux piliers

La BCE a dĂ©fini deux piliers qui lui permettent de juger les risques d’inflation dans la zone euro :

« La BCE assigne un rĂ´le de premier plan Ă  la monnaie dans le cadre du premier pilier. Une large gamme d’agrĂ©gats, allant de M3 Ă  ses composantes et ses contreparties, en particulier l’encours des crĂ©dits, est analysĂ©e afin d’Ă©valuer les risques pour la stabilitĂ© des prix. En accordant un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant Ă  la monnaie, la BCE veille Ă  ce que l’analyse sous-tendant les dĂ©cisions de politique monĂ©taire ne nĂ©glige pas les origines fondamentalement monĂ©taires de l’inflation. »

« Le rĂ´le essentiel assignĂ© Ă  la monnaie est signalĂ© par l’annonce d’une valeur de rĂ©fĂ©rence, fixĂ©e Ă  4,5 %, pour la croissance annuelle de l’agrĂ©gat monĂ©taire large M3. Cette valeur de rĂ©fĂ©rence correspond au taux de croissance de M3 compatible avec la stabilitĂ© des prix Ă  moyen terme. La BCE a expliquĂ© d’emblĂ©e qu’elle ne rĂ©agirait pas mĂ©caniquement aux Ă©carts constatĂ©s entre la croissance de M3 et la valeur de rĂ©fĂ©rence. Au contraire, la prudence doit toujours ĂŞtre de mise dans l’analyse des Ă©volutions monĂ©taires et l’Ă©valuation des informations qu’elles renferment en ce qui concerne l’inflation future. En effet, la relation entre la monnaie et les prix est, pour l’essentiel, une relation Ă  moyen terme ; par consĂ©quent, les Ă©volutions Ă  court terme des agrĂ©gats monĂ©taires doivent toujours ĂŞtre interprĂ©tĂ©es avec circonspection. »

« Parallèlement, de nombreux autres indicateurs Ă©conomiques et financiers sont analysĂ©s dans le cadre du second pilier afin, d’une part, d’obtenir des informations complĂ©mentaires qui ne sont pas contenues dans les donnĂ©es monĂ©taires et, d’autre part, de recouper les Ă©lĂ©ments ressortant de l’examen des Ă©volutions monĂ©taires. L’analyse effectuĂ©e Ă  travers le second pilier a pour objet de mettre en Ă©vidence l’incidence d’une sĂ©rie de facteurs sur l’Ă©volution des prix dans une perspective de court Ă  moyen terme. Il s’agit par exemple des Ă©volutions salariales, des fluctuations des prix des matières premières et des taux de change, de la confiance des consommateurs et des entreprises, etc. »

« Dans le cadre du second pilier, les projections macroéconomiques, qui reposent sur des modèles communément utilisés, constituent également un outil de regroupement et de synthèse des informations disponibles. »

Cadre opĂ©rationnel de l’Eurosystème

Les statuts du SEBC (articles 17 Ă  24) prĂ©cisent les fonctions monĂ©taires et les opĂ©rations assurĂ©es par l’Eurosystème. L’Institut monĂ©taire europĂ©en (IME) avait Ă©laborĂ©, sur la base de ces dispositions, un cadre opĂ©rationnel pour la politique monĂ©taire unique. Le Conseil des gouverneurs de la BCE a pris les dĂ©cisions finales relatives au cadre opĂ©rationnel dans le courant du second semestre de 1998. Le Conseil des gouverneurs peut modifier certaines caractĂ©ristiques des instruments et procĂ©dures prĂ©sentĂ©s ci-dessous. On trouvera des informations dĂ©taillĂ©es sur ces questions dans le document intitulĂ© « La politique monĂ©taire unique au sein de la zone euro – Documentation gĂ©nĂ©rale sur les instruments et procĂ©dures de politique monĂ©taire de l’Eurosystème » (avril 2002)

Instruments et procédures de la politique monétaire

Taux directeurs de la BCE (en rouge) et de la FED (bleu).

Le cadre opĂ©rationnel comprend une gamme d’instruments. L’Eurosystème effectue des opĂ©rations d’open market, offre des facilitĂ©s permanentes et assujettit les Ă©tablissements de crĂ©dit Ă  la constitution de rĂ©serves obligatoires sur des comptes ouverts sur les livres des banques centrales nationales (BCN) de la zone euro.

Opérations d’open market

Les opĂ©rations d’open market jouent un rĂ´le important dans la politique monĂ©taire de la BCE pour le pilotage des taux d’intĂ©rĂŞt, la gestion de la liquiditĂ© bancaire et pour indiquer l’orientation de la politique monĂ©taire. L’Eurosystème dispose de cinq types d’instruments pour effectuer les opĂ©rations d’open market. L’instrument le plus important est constituĂ© par les opĂ©rations de cession temporaire (sous la forme de pensions ou de prĂŞts garantis). L’Eurosystème peut Ă©galement recourir aux opĂ©rations fermes, Ă  l’Ă©mission de certificats de dette, aux opĂ©rations d’Ă©change de devises et aux reprises de liquiditĂ©s en blanc. Les opĂ©rations d’open market sont effectuĂ©es Ă  l’initiative de la BCE, qui choisit l’instrument Ă  mettre en Ĺ“uvre et fixe les modalitĂ©s de ces opĂ©rations. Ces opĂ©rations peuvent s’effectuer par voie d’appels d’offres normaux, d’appels d’offres rapides ou de procĂ©dures bilatĂ©rales. Selon leur objectif, leur frĂ©quence et les procĂ©dures utilisĂ©es, les opĂ©rations d’open market de l’Eurosystème peuvent ĂŞtre divisĂ©es en quatre catĂ©gories :

  • les opĂ©rations principales de refinancement consistent en des opĂ©rations de cession temporaire destinĂ©es Ă  fournir des liquiditĂ©s de manière rĂ©gulière, avec une frĂ©quence hebdomadaire et une Ă©chĂ©ance d’une semaine. Ces opĂ©rations sont exĂ©cutĂ©es par les BCN par voie d’appels d’offres normaux et selon un calendrier prĂ©dĂ©fini. Les opĂ©rations principales de refinancement jouent un rĂ´le pivot dans la poursuite des objectifs assignĂ©s aux opĂ©rations d’open market de l’Eurosystème et constituent le principal canal du refinancement du secteur financier ;
  • les opĂ©rations de refinancement Ă  plus long terme revĂŞtent la forme d’opĂ©rations de cession temporaire destinĂ©es Ă  fournir des liquiditĂ©s, avec une frĂ©quence mensuelle et une Ă©chĂ©ance de trois mois. Ces opĂ©rations sont exĂ©cutĂ©es par les BCN par voie d’appels d’offres normaux et selon un calendrier prĂ©dĂ©fini. Elles sont destinĂ©es Ă  fournir aux contreparties un refinancement supplĂ©mentaire Ă  plus long terme. En principe, l’Eurosystème n’entend pas Ă©mettre, Ă  travers ces opĂ©rations, des signaux Ă  l’intention du marché ; il les met donc normalement en Ĺ“uvre en retenant les taux de soumission qui lui sont proposĂ©s ;
  • les opĂ©rations de rĂ©glage fin sont effectuĂ©es de manière ad hoc en vue de gĂ©rer la liquiditĂ© sur le marchĂ© et d’assurer le pilotage des taux d’intĂ©rĂŞt, notamment pour attĂ©nuer l’incidence sur les taux d’intĂ©rĂŞt de fluctuations imprĂ©vues de la liquiditĂ© bancaire. Les opĂ©rations de rĂ©glage fin prennent essentiellement la forme d’opĂ©rations de cession temporaire, mais peuvent Ă©galement comporter des opĂ©rations fermes, des opĂ©rations d’Ă©change de devises et des reprises de liquiditĂ©s en blanc. Les instruments et procĂ©dures utilisĂ©s dans la conduite des opĂ©rations de rĂ©glage fin sont adaptĂ©s aux types de transactions et aux objectifs spĂ©cifiques visĂ©s. Les opĂ©rations de rĂ©glage fin sont normalement exĂ©cutĂ©es par les BCN par voie d’appels d’offres rapides ou de procĂ©dures bilatĂ©rales. Le Conseil des gouverneurs de la BCE dĂ©cidera si, dans des circonstances exceptionnelles, des opĂ©rations de rĂ©glage fin bilatĂ©rales peuvent ĂŞtre mises en Ĺ“uvre par la BCE elle-mĂŞme ;
  • de plus, l’Eurosystème peut mener des opĂ©rations structurelles en Ă©mettant des certificats de dette et en ayant recours Ă  des opĂ©rations de cession temporaire ou Ă  des opĂ©rations fermes. Ces opĂ©rations sont effectuĂ©es lorsque la BCE souhaite ajuster la position structurelle de l’Eurosystème vis-Ă -vis du secteur financier (sur une base rĂ©gulière ou non rĂ©gulière). Les opĂ©rations de nature structurelle menĂ©es sous la forme d’opĂ©rations de cession temporaire et d’Ă©missions de certificats de dette sont rĂ©alisĂ©es par les BCN, par voie d’appels d’offres normaux. Les opĂ©rations structurelles sous la forme d’opĂ©rations ferme sont exĂ©cutĂ©es par le biais de procĂ©dures bilatĂ©rales.

Facilités permanentes

Les facilitĂ©s permanentes permettent de fournir ou de retirer des liquiditĂ©s au jour le jour, d’indiquer l’orientation gĂ©nĂ©rale de la politique monĂ©taire et d’encadrer les taux du marchĂ© au jour le jour. Deux facilitĂ©s permanentes, gĂ©rĂ©es de manière dĂ©centralisĂ©e par les BCN, sont Ă  la disposition des contreparties Ă©ligibles, qui peuvent y recourir Ă  leur propre initiative.

La première est la facilitĂ© de prĂŞt marginal, que les contreparties peuvent utiliser pour obtenir des BCN des liquiditĂ©s au jour le jour contre des actifs Ă©ligibles. Le taux d’intĂ©rĂŞt de la facilitĂ© de prĂŞt marginal constitue normalement un plafond pour le taux d’intĂ©rĂŞt du marchĂ© au jour le jour.

Les contreparties peuvent aussi utiliser la facilitĂ© de dĂ©pĂ´t pour effectuer des dĂ©pĂ´ts au jour le jour auprès des BCN. Le taux d’intĂ©rĂŞt de la facilitĂ© de dĂ©pĂ´t constitue normalement un plancher pour le taux du marchĂ© au jour le jour.

RĂ©serves obligatoires

Le Conseil des gouverneurs de la BCE a dĂ©cidĂ© d’appliquer un système de rĂ©serves obligatoires, comme partie intĂ©grante du cadre opĂ©rationnel de la politique monĂ©taire en phase III. Le système des rĂ©serves obligatoires a pour objet de stabiliser les taux d’intĂ©rĂŞt du marchĂ© monĂ©taire, de crĂ©er (ou d’accentuer) un besoin structurel de refinancement et de contribuer, le cas Ă©chĂ©ant, Ă  la maĂ®trise de la croissance monĂ©taire. Le montant des rĂ©serves obligatoires Ă  constituer par chaque Ă©tablissement est dĂ©terminĂ© en fonction d’Ă©lĂ©ments de son bilan. Pour rĂ©pondre Ă  l’objectif de stabilisation des taux d’intĂ©rĂŞt, le rĂ©gime des rĂ©serves obligatoires de l’Eurosystème permet aux Ă©tablissements concernĂ©s de constituer leurs rĂ©serves en moyenne. Cela signifie que l’accomplissement des obligations de rĂ©serves est vĂ©rifiĂ© sur la base de la moyenne des avoirs quotidiens des Ă©tablissements au cours d’une pĂ©riode d’un mois. Les rĂ©serves obligatoires sont rĂ©munĂ©rĂ©es Ă  un taux correspondant au taux d’intĂ©rĂŞt moyen, sur la pĂ©riode de constitution, des opĂ©rations principales de refinancement de l’Eurosystème.

Contreparties

Le cadre de la politique monĂ©taire est conçu de manière Ă  y faire participer un large Ă©ventail de « contreparties ». Seuls les Ă©tablissements assujettis Ă  la constitution de rĂ©serves obligatoires peuvent avoir accès aux facilitĂ©s permanentes et participer aux opĂ©rations d’open market par voie d’appels d’offres normaux. L’Eurosystème peut sĂ©lectionner un nombre limitĂ© de contreparties susceptibles de participer aux opĂ©rations de rĂ©glage fin. En ce qui concerne les opĂ©rations fermes, il n’existe aucune restriction a priori quant aux contreparties autorisĂ©es. Il est fait appel Ă  des participants actifs du marchĂ© des changes pour ce qui concerne les opĂ©rations d’Ă©change de devises effectuĂ©es dans le cadre de la politique monĂ©taire.

 

Actifs Ă©ligibles

En vertu de l’article 18.11 des statuts du SEBC, toutes les opĂ©rations de crĂ©dit de l’Eurosystème doivent donner lieu Ă  la constitution de garanties appropriĂ©es. L’Eurosystème accepte un large Ă©ventail d’actifs en garantie de ses opĂ©rations. Une distinction est Ă©tablie, essentiellement pour des considĂ©rations internes propres Ă  l’Eurosystème, entre deux catĂ©gories d’actifs Ă©ligibles : les actifs de « niveau 1 » et de « niveau 2 ». Le niveau 1 est constituĂ© de titres de crĂ©ance nĂ©gociables satisfaisant aux critères d’Ă©ligibilitĂ© uniformes dĂ©finis par la BCE pour l’ensemble de la zone euro. Le niveau 2 est constituĂ© d’actifs supplĂ©mentaires, nĂ©gociables ou non nĂ©gociables, qui prĂ©sentent une importance particulière pour les marchĂ©s de capitaux et les systèmes bancaires nationaux et pour lesquels des critères d’Ă©ligibilitĂ© sont fixĂ©s par les BCN, sous rĂ©serve de l’accord de la BCE. Aucune distinction n’est faite entre les deux niveaux en ce qui concerne la qualitĂ© des actifs et leur Ă©ligibilitĂ© aux diffĂ©rents types d’opĂ©rations de politique monĂ©taire de l’Eurosystème (si ce n’est que les actifs du niveau 2 ne sont normalement pas utilisĂ©s dans le cadre des opĂ©rations ferme). Les critères d’Ă©ligibilitĂ© des actifs mobilisables dans le cadre des opĂ©rations de politique monĂ©taire de l’Eurosystème sont les mĂŞmes que ceux utilisĂ©s par celui-ci pour les garanties de crĂ©dits intrajournaliers. En outre, les contreparties de l’Eurosystème peuvent procĂ©der Ă  une utilisation transfrontière des actifs Ă©ligibles, c’est-Ă -dire emprunter des fonds auprès de la banque centrale de l’État membre dans lequel elles sont implantĂ©es en utilisant des actifs localisĂ©s dans un autre État membre.

Historique du bilan monétaire de la BCE

Historique du bilan de la BCE.

Depuis 1999, la BCE publie mensuellement un bulletin Ă©conomique, financier et monĂ©taire Ă  destination du grand public et des entreprises. Durant la crise de la zone euro le bilan de la BCE a augmentĂ© deux fois de plus de 50 % sur 12 mois consĂ©cutifs passant de 1 500 milliards d’euros Ă  plus de 2 000 milliards d’euros en 2008, puis de 2 000 milliards d’euros Ă  plus de 3 000 milliards d’euros en 2012.

Gestion de crises

Dans le cadre de la crise de 2008 et de la crise de la dette

Confrontée à la crise financière mondiale de 2007-2008, la BCE doit assurer le sauvetage du système bancaire européen.

Cependant, pendant l’Ă©tĂ© 2008, la BCE augmente ses taux d’intĂ©rĂŞt. La crise grecque et la menace d’une extension de la crise de la dette souveraine Ă  l’Espagne et au Portugal vont faire Ă©voluer les pratiques de la banque.

Programme SMP (Securities Market Program)

Tout d’abord, la BCE va accepter comme collatĂ©ral de la dette publique grecque, quelle que soit la note attribuĂ©e par les agences de notation Ă  la Grèce. Toutefois, le tournant majeur va avoir lieu le 10 mai 2010. Pour bien comprendre les raisons de cette dĂ©cision, un bref rappel chronologique est nĂ©cessaire. Durant la semaine du 3 au 7 mai 2010, les bourses baissent, notamment le 4 mai 2010 oĂą une rumeur se rĂ©pand selon laquelle l’Espagne aurait besoin d’un prĂŞt de 280 milliards du FMI. Au Portugal, en Italie en Grèce et en Espagne les bourses perdent durant la semaine respectivement, 10,58 %, 12,6 %, 12,81 % et 13,78 %. La crise monĂ©taire devient crise boursière par le biais des banques qui « seraient au tapis » en cas de dĂ©faut de paiement de la Grèce, du Portugal, de l’Italie ou de l’Espagne. Les cours des banques chutent durant la semaine (20 % pour Santander, 15 % pour le CrĂ©dit agricole et la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale, etc.).

Le jeudi 6 mai 2010, Jean-Claude Trichet annonce que lors du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale europĂ©enne, il n’a pas Ă©tĂ© question de la possibilitĂ© d’achat de titres d’État. Le vendredi 7 mai selon le Financial Times, quarante sept grandes banques europĂ©ennes auraient suppliĂ© la Banque centrale europĂ©enne d’ĂŞtre « un acheteur de dernier recours ». Le 10 mai 2010, Ă  la suite de l’annonce d’un plan conjoint Union europĂ©enne/FMI de 750 milliards d’euros, la BCE dĂ©cide de permettre aux banques centrales de la zone d’acheter de la dette publique et de la dette privĂ©e sur les marchĂ©s secondaires. Pour Jean-Claude Trichet Ă  ce moment-lĂ , comme lors de la faillite de Lehman Brothers, « les marchĂ©s ne fonctionnaient plus ».

La dĂ©cision, saluĂ©e (mĂŞme s’ils la jugent insuffisante) par les adversaires des politiques monĂ©taristes, reste controversĂ©e et a Ă©tĂ© prise après mise en minoritĂ© du camp allemand. Juridiquement, elle se fonde sur le fait qu’il n’est pas explicitement interdit par les traitĂ©s de racheter de la dette sur le marchĂ© secondaire (alors qu’un rachat direct par la banque centrale Ă  l’État, qui Ă©quivaudrait Ă  un prĂŞt, est lui explicitement interdit), ainsi que sur l’article 122-2 du traitĂ© de Lisbonne qui permet de venir en aide Ă  des États europĂ©ens en difficultĂ© en cas de circonstances exceptionnelles. Elle comporte cependant deux ruptures avec les règles tacites de l’institution : 1) elle n’a pas Ă©tĂ© prise par consensus, 2) un des partenaires n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  faire part publiquement des divergences. Axel Weber, patron de la Bundesbank, adresse deux objections : « les achats d’emprunts d’État comportent des risques importants pour les politiques de stabilitĂ© des prix » et sont donc en rupture avec le mandat de la BCE, il faut « tirer un trait de sĂ©paration clair entre les responsabilitĂ©s de la politique monĂ©taire et de la politique des finances ». Concernant ce dernier point, selon le Spiegel du 31 mai 2010, la Bundesbank se demanderait si cette dĂ©cision n’a pas Ă©tĂ© prise pour permettre aux banques françaises de se dĂ©faire des obligations grecques.

DĂ©but dĂ©cembre 2010, la BCE qui a achetĂ© pour 72 milliards d’obligations d’État, demande une augmentation de capital. Le 16 dĂ©cembre, le conseil des gouverneurs dĂ©cide d’augmenter de 5 milliards d’euros le capital de la BCE pour le porter Ă  10,76 milliards en plusieurs Ă©tapes s’Ă©talant jusqu’Ă  la fin de l’annĂ©e 2012. En avril 2011, la Banque centrale europĂ©enne dĂ©tient « 80 milliards de titres des États grecs, irlandais et portugais ». Pour se dĂ©gager de ce risque, elle a plaidĂ© pour que le Fonds europĂ©en de stabilitĂ© financière puisse acheter de la dette secondaire et donc la dĂ©charger de ce fardeau. Par ailleurs, la BCE finance pour 500 milliards les banques dont « 40 milliards pour le Portugal, 60 milliards pour l’Espagne, 100 pour la Grèce et 130 pour l’Irlande ». Pour Jean-Paul Betbèze, cette situation contraint la BCE et la « piège ». Le 4 aoĂ»t 2011, la BCE achète de nouveau des obligations publiques, Ă  la suite des difficultĂ©s de l’Espagne et de l’Italie. Le 14 novembre le montant total des rachats d’emprunts publics atteint 187 milliards d’euros. La France pousse au financement monĂ©taire des emprunts publics tandis que Berlin qui craint Ă  la fois que cela pousse les pays Ă  ne pas rĂ©gler leurs problèmes de dĂ©ficits publics et une montĂ©e de l’inflation, s’oppose.

Le 9 septembre 2011, JĂĽrgen Stark quitte officiellement son poste de chef Ă©conomiste pour raisons personnelles. Mais la thèse d’une divergence sur la question de la gestion de la crise de la dette semble probable.

Entre 2010 et 2018, les rachats de dette grecque ont rapportĂ© près de 18 milliards Ă  la BCE et aux banques centrales nationales de l’Eurosystème, dont une large partie a Ă©tĂ© reversĂ©e en dividendes aux gouvernements de la zone euro. Ă€ la suite d’une dĂ©cision de l’Eurogroupe, une partie de ces bĂ©nĂ©fices sera rĂ©trocĂ©dĂ©e au gouvernement grec (via le MĂ©canisme de StabilitĂ© EuropĂ©en). Cependant, on estime que près de 8 milliards de profits n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©trocĂ©dĂ©s Ă  la Grèce.

Opérations de refinancement illimités des banques

Le 8 dĂ©cembre 2011 , la BCE permet aux banques d’emprunter des montants illimitĂ©s pour une durĂ©e de 3 ans. Le 21 dĂ©cembre 2011 489 milliards d’euros ont Ă©tĂ© empruntĂ©s par les banques pour servir en partie Ă  acheter des titres de dette publique.

Fin fĂ©vrier 2012, la BCE accorde 529,5 milliards d’euros de prĂŞts Ă  3 ans Ă  800 banques. Après cette opĂ©ration, le bilan de la BCE pèse « 32 % du PIB de la zone euro, contre 21 % pour le Royaume-Uni, 19 % pour les États-Unis et 30 % pour le Japon ». Le bilan a plus que doublĂ© depuis l’Ă©tĂ© 2007 et le dĂ©but de la crise de 2007

Programme OMT (Opérations monétaires sur titres)

Ce programme intitulĂ© en anglais Outright Monetary Transactions est annoncĂ© le 6 septembre 2012 après le vote du Conseil des gouverneurs de la BCE (seul le reprĂ©sentant de la Bundesbank a votĂ© contre). Il met fin au SMP durant lequel la BCE a accumulĂ© 210 milliards d’euros d’obligations souveraines d’États du sud de l’Union europĂ©enne :

  • La BCE rachètera sans limitation des emprunts d’État d’une maturitĂ© entre un et trois ans (les pays en difficultĂ© Ă©mettent surtout ce type d’emprunt). Par exemple, l’Espagne ces derniers temps a effectuĂ© 76 % de ses Ă©missions de dette sur des Ă©chĂ©ances de moins de cinq ans.
  • Conditions : Pour bĂ©nĂ©ficier de ce mĂ©canisme il faut soit :
    • faire appel au FESF ou demain au MES et bĂ©nĂ©ficier d’une aide de cet organisme et donc avoir acceptĂ© les conditionnalitĂ©s affĂ©rentes Ă  ces aides. Sur la question des conditionnalitĂ©s, la BCE a fourni un cadre, mais c’est beaucoup plus « aux gouvernements eux-mĂŞmes, Ă  l’Union europĂ©enne, Ă  la Commission europĂ©enne et au FMI de dĂ©cider de la nature prĂ©cise de la conditionnalité » ;
    • ĂŞtre bĂ©nĂ©ficiaire d’un programme d’ajustement Ă©conomique. Dans ce cas, il faut ĂŞtre revenu sur le marchĂ© (cas de l’Irlande).
  • But : faire baisser les taux d’intĂ©rĂŞt qui pour la BCE incorpore « une composante qui est une prime de risque que l’euro n’Ă©clate dans les deux ou trois ans et que les dettes soient remboursĂ©es dans une autre devise ». C’est cette composante Ă©valuĂ©e Ă  100 Ă  150 points de base pour l’Espagne ou l’Italie que la BCE voudrait supprimer. Il s’agit d’une façon gĂ©nĂ©rale de constituer« un rempart efficace contre les risques extrĂŞmes dans la zone euro ».
  • Statut des rachats. La BCE accepte d’ĂŞtre traitĂ©e en cas de dĂ©faut comme les autres crĂ©anciers.

Asset Purchase Program

Le 22 janvier 2015, estimant qu’il existe en zone euro des menaces de dĂ©flation, la BCE dĂ©cide de mener une politique d’assouplissement quantitatif (quantitative easing) appelĂ© Asset Purchase Programme. Pour ce faire, 60 milliards d’actifs doivent ĂŞtre rachetĂ©s chaque mois jusqu’en septembre 2016 au moins. Le programme sera prolongĂ© Ă  plusieurs reprises jusqu’Ă  dĂ©cembre 2018, pour atteindre une taille globale de 2 500 milliards d’euros. Au-delĂ  de cette date, la BCE s’est engagĂ©e Ă  rĂ©investir le montant des remboursements perçus lorsque les titres arrivent Ă  maturitĂ©, ce qui devrait prolonger l’effet du QE.

En pratique, seuls 20 % des actifs sont rachetĂ©s par la BCE tandis que les 80 % restants sont rachetĂ©s par les banques centrales nationales, au prorata de la part de chaque État au capital de la BCE. La BCE ne peut pas acheter des dettes d’État trop mal notĂ©e sauf s’ils bĂ©nĂ©ficient d’un programme d’aide du FMI et s’engagent donc dans un programme de rĂ©forme. Par ailleurs la BCE ne peut dĂ©tenir plus d’un tiers de la dette publique d’un État. Dans le cas de la Grèce ce seuil est dĂ©jĂ  atteint. Enfin, le risque de dĂ©faut d’un titre sera supportĂ© Ă  20 % par la BCE et Ă  80 % par les banques centrales nationales. En cas de dĂ©faut, la BCE sera Ă  Ă©galitĂ© avec les crĂ©anciers privĂ©s.

Certains Ă©conomistes comme GaĂ«l Giraud annoncent que cette opĂ©ration n’aura pour consĂ©quence que de redonner des liquiditĂ©s considĂ©rables aux banques privĂ©es et de « gonfler encore plus la bulle spĂ©culative ». Celui-ci met Ă©galement en garde contre la « renationalisation des dettes publiques » que prĂ©sente cette opĂ©ration64. En novembre 2015, l’initiative « Quantitative Easing or People » portĂ©e par plus de 100 Ă©conomistes et 21 ONGs propose de flĂ©cher le QE vers des investissements publiques ou vers les citoyens, reprenant l’idĂ©e de l’helicopter money.

Dans le cadre de la crise provoquée par la crise sanitaire du Covid

La Banque centrale europĂ©enne rĂ©agit rapidement en mettant en place une politique d’assouplissement quantitatif renforcĂ©. Elle vote et met en place le Pandemic Emergency Purchase Programme, qui lui permet d’acheter jusqu’Ă  1 350 milliards d’euros d’actifs, dont une majoritĂ© d’obligations d’État.

Supervision et contrôle des banques systémiques

Il s’agit d’une fonction nouvelle, pour la BCE, assumĂ©e en coordination avec l’ACPR (pour la France) et l’AutoritĂ© bancaire europĂ©enne. L’enjeu de contrĂ´le indĂ©pendant et efficace des banques est d’immense ampleur.

Historique

Mario Draghi dans une audition devant le Parlement europĂ©en s’est prononcĂ© en faveur d’une union bancaire qui reposerait sur trois piliers : une supervision europĂ©enne assurĂ©e par une autoritĂ© ad hoc, une assurance commune des dĂ©pĂ´ts, une gestion europĂ©enne des faillites bancaires avec, dans l’immĂ©diat, une intervention du mĂ©canisme europĂ©en de stabilitĂ© pour aider les banques en difficultĂ©.

Le 13 dĂ©cembre 2012, un accord est trouvĂ© en Conseil des ministres pour confier Ă  la BCE le 1er mars 2014 le contrĂ´le des Ă©tablissements bancaires de la zone euro dont le bilan est supĂ©rieur Ă  30 milliards d’euros. Cet accord concerne 130 banques europĂ©ennes.

Principes

Notons que la BCE acquiert Ă©galement un droit de regard sur les autres banques, ce qui la place en position effective de superviseur bancaire europĂ©en, rĂ´le pourtant dĂ©volu Ă  l’AutoritĂ© bancaire europĂ©enne (ABE).

Effective finalement depuis le 4 novembre 2014, cette mission a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’un exercice de transparence des situations financières des 128 principales banques de la zone euro (dont 13 françaises). NommĂ©e Asset Quality Review, ou revue de la qualitĂ© des actifs, cette opĂ©ration d’analyse bancaire conduite durant une annĂ©e entière avait pour but d’Ă©valuer la rĂ©sistance des Ă©tablissements Ă  des scĂ©narios de crise.

Anticipés, les résultats ont été publiés le 26 octobre 2014. Une trentaine de banques au total ne présente pas de profils de risques suffisamment sécurisé, dont Dexia, durement touchée par les erreurs de gestion de ses dirigeants et de ses actionnaires.

Par ailleurs, la revue a permis de montrer les difficultĂ©s internes de maĂ®trise des informations et des risques, dans l’ensemble des banques, y compris françaises (retards, erreurs dans les donnĂ©es).

RĂ©sultats de la supervision bancaire de la BCE

Ces résultats seront à évaluer avec le temps.

En 2018, la Cour des comptes europĂ©enne a reprochĂ© son opacitĂ© Ă  la BCE (qui, et ce n’est pas la première fois, a refusĂ© de lui livrer des informations importantes pour l’Ă©valuation de son rĂ´le dans la supervision d’environ 120 banques considĂ©rĂ©es comme « systĂ©miques » par les autoritĂ©s europĂ©ennes). En particulier, la Cour, chargĂ©e d’un rapport (publiĂ© le 16 novembre 2017) sur l’efficacitĂ© et les rĂ©sultats des programmes d’ajustement grecs s’est vue refuser l’accès Ă  certaines informations du « dossier grec » au prĂ©texte du secret bancaire.

Débats sur la Banque centrale européenne

DĂ©bat en France sur l’indĂ©pendance de la BCE

Les banques centrales des principaux pays de la planète sont rĂ©gies par la loi du gouvernement de leur État (par exemple la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale des États-Unis, la Banque du Japon ou la Banque d’Angleterre). En particulier, pour prendre en compte la particularitĂ© des unions monĂ©taires, la BCE a Ă©tĂ© conçue dès son origine pour ĂŞtre totalement indĂ©pendante des gouvernements des États membres. Son conseil et son prĂ©sident sont nommĂ©s par les gouvernements des pays de la zone euro, et elle doit rĂ©gulièrement prĂ©senter ses actions devant le Parlement europĂ©en. Les institutions europĂ©ennes (autres que la BCE) et les gouvernements des États membres s’interdisent d’influer sur les dĂ©cisions de la BCE.

« Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions et des devoirs qui leur ont Ă©tĂ© confĂ©rĂ©s par le prĂ©sent traitĂ© et les statuts du SEBC, ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de dĂ©cision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou organes communautaires, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme. Les institutions et organes communautaires ainsi que les gouvernements des États membres s’engagent Ă  respecter ce principe et Ă  ne pas chercher Ă  influencer les membres d’organes de dĂ©cision de la BCE ou des banques centrales nationales dans l’accomplissement de leurs missions. »

— Article 130 du TFUE (ex-article 108 du traitĂ© de Rome) sur l’indĂ©pendance de la BCE.

Cet article fondateur de l’indĂ©pendance de la BCE ne fait guère dĂ©bat dans la plupart des pays europĂ©ens, partisans gĂ©nĂ©ralement d’une monnaie stable et Ă  l’abri des alternances politiques. Toutefois, pendant la campagne rĂ©fĂ©rendaire de 2005 sur la Constitution europĂ©enne et pendant la campagne Ă©lectorale de 2007, il a Ă©tĂ© critiquĂ© par certains hommes politiques français qui dĂ©fendent une Europe moins soumise aux règles du marchĂ©.

Des critiques, notamment des mouvements altermondialistes, estiment que les dĂ©cisions de la BCE devraient ĂŞtre soumises Ă  un contrĂ´le d’Ă©lus, souvent sans prĂ©cision des changements qui devraient ĂŞtre apportĂ©s Ă  la politique monĂ©taire de la BCE. Par exemple, l’association Attac, n’est pas en faveur de l’indĂ©pendance des banques centrales, estimant que cela prive de manĹ“uvres Ă©conomiques pouvant selon elle potentiellement rĂ©duire le chĂ´mage. Des mouvements altermondialistes proposent que la BCE soit responsable devant le Parlement europĂ©en (Ă©lu au suffrage universel direct) et au Conseil de l’Union europĂ©enne. Ces mĂŞmes critiques considèrent que les banques centrales d’autres grands pays (États-Unis, Japon) ne sont pas indĂ©pendantes et considèrent cela comme bĂ©nĂ©fique.

Une raison avancĂ©e en faveur de l’indĂ©pendance de la banque centrale est que cette indĂ©pendance peut empĂŞcher les gouvernements de pratiquer des mesures monĂ©taires Ă©lectoralistes. D’après la thĂ©orie du cycle politique, les gouvernants ont tendance Ă  privilĂ©gier des politiques de rigueur monĂ©taire en dĂ©but de mandat et les politiques d’expansion illusoire de court terme en fin de mandat afin d’assurer un semblant de reprise Ă©conomique avant les Ă©lections. En effet, une politique monĂ©taire expansionniste relancera l’activitĂ© Ă©conomique (et baissera le chĂ´mage) sur le court terme (environ 2 ans), mais aurait des effets fortement nĂ©gatifs sur plus long terme (endettement des États s’ils doivent emprunter la monnaie qu’ils mettent en circulation, perte de crĂ©dibilitĂ© de la banque centrale. L’indĂ©pendance des banques centrales est considĂ©rĂ©e comme susceptible de limiter l’inflation, Alesina et Summers (1993) ont prĂ©tendu dĂ©montrer une relation entre taux d’inflation faible et grande indĂ©pendance des banques centrales mais des Ă©tudes fondĂ©es sur un indicateur plus prĂ©cis de l’indĂ©pendance, celui de Cukierman (1992), et menĂ©es dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion.

Pour des raisons fondamentalement opposĂ©es, l’Ă©conomiste monĂ©tariste Milton Friedman n’Ă©tait pas en 1968 en faveur de l’indĂ©pendance des banques centrales parce qu’il estimait qu’ĂŞtre indĂ©pendantes ne les empĂŞcherait pas de recourir quand mĂŞme Ă  des politiques inflationnistes ; il opposait trois arguments Ă  l’indĂ©pendance des banques centrales : dispersion des responsabilitĂ©s, trop grande dĂ©pendance envers la personnalitĂ© du ou des dirigeants, risque de trop grande proximitĂ© avec les milieux bancaires. L’opinion de Friedman a toutefois Ă©voluĂ© après le comportement vertueux selon lui de Paul Volcker dans les annĂ©es 1980.

Enfin, la zone euro est une union Ă©conomique et monĂ©taire qui regroupe dix-huit États membres qui, n’Ă©tant pas dans des situations Ă©conomiques identiques (les cycles Ă©conomiques n’Ă©tant pas pour l’instant fortement synchronisĂ©s et de mĂŞme amplitude dans chaque pays de la zone euro), n’ont pas les mĂŞmes souhaits individuels de politique monĂ©taire. Les principaux Ă©conomistes europĂ©ens pensent qu’un « droit d’influer individuel » attribuĂ© Ă  chacun des États membre aurait un effet chaotique et contre-productif.

DĂ©bat sur le mandat de la BCE

Plus que toutes les autres banques centrales, la BCE a reçu pour mission principale la lutte contre l’inflation. Selon les courants de pensĂ©e monĂ©tariste, cette mission est le meilleur moyen d’atteindre les objectifs d’Ă©conomie publique que sont la maximisation de la croissance Ă©conomique, la minimisation du taux de chĂ´mage, la stabilitĂ© du taux de change effectif. Ce choix Ă©tait largement inspirĂ© du modèle de la Deutsche Bundesbank, la banque centrale allemande, pour bĂ©nĂ©ficier de sa « crĂ©dibilité », considĂ©rablement plus Ă©levĂ©e que celles des autres banques centrales europĂ©ennes entre les annĂ©es 1970 et 1990.

Mais ce choix fait l’objet de vives critiques. Par exemple, le prix Nobel d’Ă©conomie Joseph Stiglitz estime que mandat centrĂ© exclusivement sur la stabilitĂ© des prix rend la zone euro incapable de rĂ©pondre Ă  des chocs importants comme celui de la crise financière mondiale de 2008.

En rĂ©alitĂ©, une interprĂ©tation du mandat plus souple suggère qu’il existe des « objectifs secondaires » pour la BCE. En effet, au-delĂ  de son objectif principal, les TraitĂ©s (Art. 127 TFEU) prĂ©cisent que « sans prĂ©judice de cet objectif », la BCE doit promouvoir les objectifs gĂ©nĂ©raux de l’Union qui incluent (Article 3 TEU) de « promouvoir […] un dĂ©veloppement harmonieux, Ă©quilibrĂ© et durable des activitĂ©s Ă©conomiques, un niveau d’emploi et de protection sociale Ă©levĂ©, […], une croissance durable et non inflationniste, un haut degrĂ© de compĂ©titivitĂ© et de convergence des performances Ă©conomiques […] ».

Cette lecture des TraitĂ©s, qui est promue par exemple par Frank Elderson pour justifier un rĂ´le de la BCE pour agir contre le rĂ©chauffement climatique. Des experts du droit et de la finance europĂ©enne suggèrent qu’il faudrait Ă©tablir un rĂ´le plus fort du Parlement europĂ©en dans la hiĂ©rarchisation des objectifs secondaires de la BCE.

En 2019, sous l’impulsion de Christine Lagarde et de nombreuses organisations de la sociĂ©tĂ© civile et d’universitaires, la BCE a officiellement lancĂ© un chantier de rĂ©flexion pour Ă©valuer son rĂ´le possible dans la lutte contre le changement climatique dans le cadre de sa revue stratĂ©gique.

Symbole de l’euro Ă©clairĂ© la nuit, devant le bâtiment de la BCE, Ă  Francfort-sur-le-Main.

Critiques des hommes politiques français

Des mouvements altermondialistes reprochent Ă  la BCE de ne pas se prĂ©occuper de la croissance Ă©conomique et du taux de chĂ´mage des pays membres, mais d’avoir comme seul et unique souci la lutte contre l’inflation. Ils proposent d’inclure plus directement parmi les objectifs de la BCE une politique favorable Ă  l’emploi dans l’Union. Ces mouvements ne donnent cependant pas de prĂ©cision sur les politiques monĂ©taires qu’il faudrait mener.

En France, ces propos ont Ă©tĂ© repris au cours de la campagne prĂ©sidentielle française de 2007, d’abord par des membres du Parti socialiste, qui ont dĂ©noncĂ© ce qu’ils pensent ĂŞtre « l’aveuglement de la BCE […] obnubilĂ©e par la seule lutte contre l’inflation » et proposĂ© « une rĂ©vision des statuts de la BCE, en l’obligeant Ă  prendre en compte aussi l’objectif de croissance et d’emploi » et Ă  prendre ses dĂ©cisions « en coordination avec le Parlement europĂ©en, l’Eurogroupe et la Commission europĂ©enne ». Au cours de la campagne, deux des candidats, SĂ©golène Royal Ă  gauche, Nicolas Sarkozy Ă  droite, ont fait des dĂ©clarations Ă©quivalentes, comme celle de ce dernier le 21 fĂ©vrier 2007 dĂ©clarant vouloir « une Europe oĂą la politique monĂ©taire ait pour objectifs la croissance et l’emploi et pas seulement l’inflation » et se demandant « Pourquoi les AmĂ©ricains ont-ils le droit de se servir du dollar comme d’une arme au service de leur puissance et pourquoi l’Europe n’aurait-elle pas le droit de se servir de l’euro ? »

Ces opinions ne sont cependant pas celles de tous les membres de l’UMP ou du PS. Ă€ l’UDF, François Bayrou estima le 12 fĂ©vrier 2007 que « Tout changement signifierait hausse des prix et hausse des taux. Nous en mourrions. » Jacques Delors, spĂ©cialiste des institutions europĂ©ennes et prĂ©sident de la Commission europĂ©enne entre 1985 et 1994, dĂ©clara le 2 mars 2007 que « les comportements de la Banque centrale europĂ©enne et ceux de la Federal Reserve Bank aux États-Unis, dont on parle tant, sont exactement les mĂŞmes. Ce n’est pas une question de statut ».

Certains Ă©conomistes reprochent Ă  la Banque centrale europĂ©enne d’appliquer des taux trop bas, considĂ©rĂ©s comme Ă©tant Ă  l’origine dans certains pays d’inflation dĂ©tournĂ©e sous forme de bulle immobilière ou boursière, et aussi de gonflement de l’endettement public ou privĂ© dĂ» aux facilitĂ©s d’emprunt Ă  bas taux. L’exemple de l’Irlande, en situation de surchauffe, de bulle immobilière forte et de forte augmentation de l’endettement des mĂ©nages – mais oĂą d’un autre cĂ´tĂ© le niveau de vie a fortement progressĂ© – montrerait, selon les interprĂ©tations, la possibilitĂ© ou la difficultĂ© de mener une politique monĂ©taire unique efficace simultanĂ©ment pour tous les pays d’union monĂ©taire.

Jean-Claude Trichet a Ă  de nombreuses reprises prĂ©cisĂ© que la maĂ®trise de l’inflation et la crĂ©dibilitĂ© de la BCE vont « dans l’intĂ©rĂŞt mĂŞme de la croissance europĂ©enne et de la crĂ©ation d’emplois ».

Dans son rapport de janvier 2007, l’OCDE estime que la politique monĂ©taire de la BCE est lĂ©gèrement trop accommodante (c’est-Ă -dire que les taux directeurs sont lĂ©gèrement trop faible). Pour le FMI, « l’orientation de la politique monĂ©taire de la Banque centrale europĂ©enne (BCE) [reste] globalement appropriĂ©e ».

DĂ©bat sur le niveau de l’euro et la « compĂ©titivité »

Une banque centrale peut avoir une influence sur le taux de change de la monnaie. Dans le cas d’un rĂ©gime de changes flottants, la banque centrale ne peut qu’intervenir sur le marchĂ© des changes, en utilisant ses rĂ©serves monĂ©taires. Ces actions n’ont qu’un impact très faible, notamment en raison des immenses volumes Ă©changĂ©s sur le marchĂ© des changes : en rĂ©gime de changes flexibles, les gouvernements et banques centrales ne peuvent pas influer de cette façon sur les taux de change. Par ailleurs, la politique monĂ©taire suivie par la banque centrale (la fixation des taux directeurs), en renchĂ©rissant ou en abaissant le coĂ»t d’emprunt de sa monnaie, la rend plus ou moins attractive pour les investisseurs internationaux ; cependant, la BCE n’ayant qu’un seul outil, elle ne peut pas atteindre deux objectifs simultanĂ©ment (stabilitĂ© de l’inflation ou niveau du taux de change). La politique de change (c’est-Ă -dire les interventions sur le marchĂ© des changes, hors fixation des taux directeurs) de la zone euro n’est pas uniquement du ressort de la BCE ; il s’agit davantage une dĂ©cision politique, qui est sous la responsabilitĂ© conjointe de la BCE et de l’eurogroupe. Le prĂ©sident Sarkozy a Ă©mis en juillet 2007 des volontĂ©s d’action sur le taux de change. Depuis, ses critiques se sont calmĂ©es.

L’euro s’est rĂ©Ă©valuĂ© de près de 50 % par rapport au dollar entre 2000 et 2005, et des personnes en France, dont le prĂ©sident Sarkozy ou Didier Migaud (PS), ont critiquĂ© la force de l’euro qui aurait provoquĂ© une perte de compĂ©titivitĂ© des entreprises europĂ©ennes. Le prĂ©sident français Nicolas Sarkozy critique la politique de la BCE et notamment sa « passivité » face Ă  un taux de change de l’euro qu’il juge surĂ©valuĂ©. Vis-Ă -vis des partenaires europĂ©ens, cette attitude singularise et isole la France. Toutefois, la crise Ă©conomique et la demande d’intervention du FMI en Grèce et en Irlande ont relancĂ© le dĂ©bat sur l’euro et sur la façon dont il est gĂ©rĂ© dans ces pays. Certains Ă©conomistes, dont Jacques Sapir et Jean-Claude Werrebrouck, imputent les problèmes de compĂ©titivitĂ© de la France (mais aussi de l’Italie et de l’Espagne) Ă  une monnaie surĂ©valuĂ©e compte tenu des taux d’inflation et des gains de productivitĂ© inhĂ©rents Ă  chacun de ces pays, ainsi qu’Ă  l’Allemagne qui rĂ©alise des excĂ©dents commerciaux très importants sur le dos de ses voisins.

Selon d’autres Ă©conomistes, les problèmes de compĂ©titivitĂ© de la France ne viendraient pas du taux de change, mais seraient dus Ă  un contexte rĂ©glementaire et lĂ©gislatif trop pesant, Ă  une fiscalitĂ© trop Ă©levĂ©e sur l’activitĂ© Ă©conomique, Ă  l’absence de rĂ©formes structurelles pour adapter le secteur public Ă  la mondialisation. Des pays comme l’Allemagne se satisfont du niveau Ă©levĂ© de l’euro, et ont une balance commerciale excĂ©dentaire. Au niveau global, sur la pĂ©riode 2007-2008, la balance commerciale de la zone euro est relativement Ă©quilibrĂ©e. Comme l’essentiel du commerce extĂ©rieur français se fait avec d’autres pays de la zone euro, en particulier l’Allemagne, l’effet du taux de change sur la balance commerciale est très limitĂ©. D’ailleurs la France enregistre un excĂ©dent commercial vis-Ă -vis des États-Unis (un milliard d’euros en 2006) et un large dĂ©ficit vis-Ă -vis de l’Allemagne (13 milliards d’euros).

En aoĂ»t 2007, le prĂ©sident de la BCE Jean-Claude Trichet souligne que « le taux de chĂ´mage de la zone euro, maintenant Ă  6,9 %, est le plus bas que nous ayons eu depuis vingt-six ans », et que certains pays (comme l’Allemagne) ont connu une amĂ©lioration de leur balance commerciale ; le mouvement de change rĂ©cent tiendrait davantage Ă  une sous-Ă©valuation du dollar qu’Ă  une surĂ©valuation de l’euro.

Les dĂ©fenseurs de la BCE, se basant sur le modèle allemand, suggèrent une stratĂ©gie de dĂ©sinflation compĂ©titive qui vise Ă  freiner l’inflation afin d’obtenir sur le long terme une tendance Ă  la baisse des coĂ»ts et donc une meilleure compĂ©titivitĂ© Ă©conomique de la zone euro. Cette politique dite « de rigueur » reprend la stratĂ©gie adoptĂ©e depuis plusieurs dĂ©cennies par l’Allemagne, un des principaux pays exportateurs mondiaux. Le coĂ»t de cette dĂ©sinflation compĂ©titive, en termes de points de croissance, d’emploi et de pouvoir d’achat, au cours des deux dĂ©cennies passĂ©es, a toutefois Ă©tĂ© important (y compris aux yeux de l’OFCE). Cet aspect nĂ©faste sur le court terme conduit certains Ă©conomistes, dont ceux de l’OFCE, Ă  penser que cette politique est en partie responsable aujourd’hui des faibles performances Ă©conomiques de la zone euro par rapport au reste du monde.

Interrogation sur le niveau d’inflation optimal

Le statut de la BCE a Ă©tĂ© adoptĂ© en tenant compte de l’expĂ©rience douloureuse subie par divers pays de la CommunautĂ© europĂ©enne, dont la France, au cours des annĂ©es 1970, la stagflation, c’est-Ă -dire une pĂ©riode qui a cumulĂ© la stagnation Ă©conomique et l’inflation monĂ©taire, contrairement Ă  l’enseignement laissĂ© par Keynes. Pour Ă©viter le retour d’une telle situation, les rĂ©dacteurs du traitĂ© de Maastricht (annexe : protocole sur les statuts de l’Institut monĂ©taire europĂ©en) et ceux du statut de la BCE se sont inspirĂ©s des enseignements du monĂ©tarisme : se donner une cible affichĂ©e et convenue d’inflation, servant de point fixe pour tous les autres agents Ă©conomiques.

La cible retenue a Ă©tĂ© de 2 %, afin d’Ă©viter une dĂ©flation.

En lien avec la critique selon laquelle la BCE ne se prĂ©occupe pas assez de la croissance Ă©conomique, des voix minoritaires chez les Ă©conomistes (post-keynĂ©sianisme mais bien plus prĂ©sentes dans les cercles politiques, regrettent que la BCE ne mène pas une politique monĂ©taire plus accommodante. Ils estiment soit que le risque d’inflation est sur-estimĂ©, soit qu’une Ă©ventuelle hausse de l’inflation ne serait pas grave. Dans le mĂŞme sens, certains Ă©conomistes comme Thomas Piketty prĂ©conisent que la BCE crĂ©e de la monnaie et prĂŞte Ă  des taux nuls ou faibles aux États afin de soulager le trĂ©sor public et relancer l’activitĂ© Ă©conomique. Pour le milliardaire George Soros, dès 2011, il est mĂŞme dĂ©jĂ  question de la survie des dĂ©mocraties en Europe.

Débat sur la qualité de la supervision bancaire

La communication dominante, celle des banques et de leurs prestataires de service, vante la qualitĂ©, l’utilitĂ© et le caractère innovant de la revue des actifs (AQR) qui aura prĂ©cĂ©dĂ© l’installation de la supervision bancaire par la BCE.

Certains auteurs s’inquiètent de la faible prĂ©cision de la revue des actifs organisĂ©e par la BCE, ainsi que de sa capacitĂ© effective Ă  conduire les contrĂ´les permanents.

L’information des banques, un mois avant la publication des rĂ©sultats, vient modĂ©rer l’exercice de transparence, de mĂŞme que les conditions dans lesquelles les banques renforcent leurs capitaux propres.

L’Union bancaire est parfois critiquĂ©e pour sa complexitĂ©.

Les contradictions entre la fonction de pourvoyeur de liquidités et celle de superviseur de la solvabilité sont également pointées.

Le PESF (programme d’Ă©valuation du secteur financier) conduit par le Fonds monĂ©taire international pourrait donner un point de vue sur ces questions.

De fait, la mĂ©thode utilisĂ©e pour la revue des actifs fait l’objet d’une très faible publication dĂ©taillĂ©e. Les experts, notamment extĂ©rieurs Ă  la BCE ou Ă  la profession bancaire, n’y ont pas Ă©tĂ© associĂ©s. La situation est identique, quant aux mĂ©thodes d’audit envisagĂ©es pour la supervision courante des principales banques systĂ©miques europĂ©ennes